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Est il possible de faire son deuil?

Dans notre société, on parle souvent de "faire son deuil" comme s’il s’agissait d’une étape que l’on franchit, comme on referme un livre ou comme on termine une tâche. Mais la réalité, plus intime, plus profonde, est tout autre. On ne fait pas son deuil. On apprend à vivre avec. On vit avec l’absence, on vit avec l’amour qui continue différemment, on vit avec ce lien invisible qui, malgré la mort, ne se rompt jamais vraiment


Le deuil, c’est ce voyage intérieur que l’on n’a pas choisi. Il est souvent décrit en cinq grandes phases : le choc, le déni, la colère, la tristesse, puis l’acceptation. Mais ce parcours n’est jamais linéaire. On avance, on recule, on stagne, on recommence. Il n’y a pas de chronologie rigide. Chacun traverse ce chemin à sa manière, à son rythme.

Mais traverser le deuil ne veut pas dire en sortir, comme si on quittait un tunnel pour retrouver la lumière d’avant. Non, c’est plutôt apprendre à marcher dans une lumière différente, à apprivoiser une nouvelle manière d’être, de ressentir, de se relier.

Perdre un être cher, c’est avant tout perdre sa présence physique. C’est ce corps que l’on ne peut plus serrer, cette voix que l’on n’entend plus, ces gestes quotidiens qui disparaissent. Et cette absence est douloureuse. Elle blesse profondément. C’est un manque qui ne se comble pas. Mais si on écoute attentivement, au cœur du silence, il y a une autre forme de présence. Une présence douce, subtile, invisible… mais bien réelle. Car l’amour ne meurt pas. Il se transforme. Il devient mémoire, signe, souffle, intuition, prière. L’être aimé n’est plus là "comme avant", mais il est là autrement. Il est toujours là, mais différemment.


Apprendre à vivre avec son deuil, c’est aussi réapprendre à communiquer, d’âme à âme. Ce n’est pas un refus de la réalité, c’est une ouverture à une autre forme de relation. C’est sentir que ce lien n’est pas détruit, seulement déplacé.

La spiritualité nous enseigne que la vie ne s’arrête pas à la mort. Que la mort n’est qu’un passage, une transformation. Nos proches ne sont pas "partis" dans le néant. Ils nous ont simplement précédés. Et nous les retrouverons. Cette certitude n'efface pas la peine, mais elle lui donne un sens. Elle nous rappelle que la séparation n’est que temporaire, qu’elle fait partie d’un mystère plus vaste.

En attendant, nous sommes ici, avec nos larmes, nos souvenirs, nos silences… et leur amour. Un amour qui continue de nous accompagner, de nous guider, parfois même de nous consoler.


Il est important de dire, de répéter, que le deuil n’a pas de date d’expiration. Il n’y a pas de délai "normal" pour aller mieux. Certains sourires reviennent vite, d'autres prennent des années. Et ce n’est pas un échec. Il ne faut pas culpabiliser si la peine persiste. Le manque est réel. L’absence est lourde. Et la douleur de la séparation est une blessure que l’on porte avec dignité, pas une faiblesse que l’on doit cacher.

Alors non, on ne "fait" pas son deuil. On vit avec. Et vivre avec le deuil, c’est vivre avec un amour qui ne s’éteint pas, c’est continuer à marcher avec une main invisible dans la nôtre, c’est apprendre à sourire à travers les larmes, à parler avec le cœur, à croire que l’essentiel ne meurt jamais.


C’est douloureux, oui. Mais ce n’est pas sans lumière.


Jean Monbourquette : "Faire son deuil ne signifie pas oublier. Cela signifie apprendre à vivre en gardant l’amour et en apprivoisant l’absence."


Carmela

 
 
 

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